Suite au billet de Laurence Capelle fin février sur « Doit-on faire mention de son handicap dans son CV ? », le magazine Etre et Handicap Information a publié un article très complet (Mars 2010, n°106, dossier « Le recrutement en pratique »). Anne-Isabelle Barthélémy, une des journalistes qui contribue à la vie de tousuniques.fr, nous apporte un éclairage complémentaire sur ce sujet très sensible.
« La première des choses à faire est de se présenter comme un candidat, donc de mettre en avant ses compétences, ses capacités, et ses goûts », avertit Anne Voileau, directrice du journal Etre et Handicap Information et d’un centre de formation professionnelle qui a accompagné plus d’un millier de stagiaires en situation de handicap depuis une quinzaine d’années.
Pour Anne-Cécile Richard, directrice opérationnelle du Cap emploi de Paris, il n’est pas indispensable de mentionner son handicap dans son CV, surtout lorsque l’expérience de l’entreprise en matière de handicap n’est pas connu : « On ne sait pas qui va lire le CV. Et un handicap peut ne pas avoir d’impact sur un poste ». Elle relève aussi l’initiative de certains candidats qui abordent positivement leur handicap à travers leurs hobbies comme « danse en fauteuil », « champion paralympique de tir à l’arc » etc. « Mais lorsque l’entreprise a une mission handicap, cela devient cohérent de mentionner sa Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). Au candidat de savoir faire preuve d’adaptabilité en ayant plusieurs CV » précise-t-elle. Elle conseille aussi de bien se renseigner avant de postuler sur Internet pour savoir si l’employeur a une politique handi-accueillante.
Isabelle Velasco, directrice d’Handipass, l’Agence parisienne Pôle emploi spécialisée dans l’accueil des demandeurs d’emploi en situation de handicap, le rappelle en effet : « Dans le cadre d’une embauche, à compétences égales, la RQTH peut être un plus ».
Une fois passée l’étape de la sélection des CV, le candidat se demande souvent comment aborder son handicap lors de l’entretien. « Il est possible de glisser son handicap dans un parcours de vie. Cela dépend de chaque personne, de la manière dont elle a intégré sa situation, si elle-même se sent à l’aise pour en parler » indique Anne-Cécile Richard.
« Mais l’essentiel est d’abord de valoriser son savoir faire » souligne Isabelle Velasco. Un avis partagé par Dominique Ledouce, chargé du développement associatif à l’ADAPT, pour qui il faut être particulièrement vigilant sur cette question : « Savoir parler de son handicap est nécessaire, mais il faut surtout parler de ses compétences. Et même sans diplôme, il faut montrer que l’on a un projet professionnel. Il est préférable d’éviter de se présenter en disant que l’on est prêt à tout faire. »
Lorsque la RQTH est mentionnée sur le CV, Laurence Capelle, chargée de recrutement à la Mission Handicap Société Générale, conseille aussi d’insister sur ses compétences et d’évoquer son handicap dans son parcours ou à la fin de l’entretien si cela n’a pas été fait avant : « En tant que recruteur, si nous posons la question, c’est pour pouvoir connaître ou évaluer les éventuels besoins en aménagement de poste afin de créer des conditions de travail propices à la réussite. Nous attendons de la personne qu’elle nous dise simplement ses besoins pour être opérationnelle».
S’auto-censurer pour éviter d’effrayer un futur employeur, n’est pas forcément une bonne solution, de plus il faut savoir que l’Agefiph propose des aides financières pour l’aménagement des postes qui peuvent rassurer sur les moyens à mettre en œuvre pour un accueil dans de bonnes conditions.
Bref, s’il est impératif et primordial de mettre en avant ses compétences et son projet professionnel, à chacun de choisir d’évoquer son handicap et cela sous la forme qui lui plaira…
Anne-Isabelle Barthélémy