En 2009, suite à une demande de mutation pour devenir conseillère clientèle, une collaboratrice de Société Générale, sourde et muette, devait suivre un parcours de formation interne. A cet effet, la Mission Handicap Société Générale a mis en place une formation « sur-mesure » adaptée à ses besoins. Un projet mené à bien grâce à la collaboration de JPG Conseil, l’un de ses prestataires dans le domaine de la formation, et de l’ARIS, une association spécialisée pour l’intégration des sourds.
Lors de la première étape de la formation qui accueillait plusieurs autres stagiaires, j’avais d’abord proposé un service de traduction en langue des signes. Mais je me suis vite aperçue que cette disposition n’était pas suffisamment adaptée. Le formateur semblait mal à l’aise avec la présence des interprètes qui se relayaient. Le contenu n’était pas non plus adapté à une traduction littérale, rendant la compréhension difficile pour la participante qui ne se sentait pas intégrée. Nous avons alors réalisé qu’il fallait procéder différemment pour la suite.
La deuxième partie de la formation, un séminaire de deux jours qui prépare les futurs chargés d’accueil au contact avec la clientèle, est assurée par Jean-Baptiste Ferrero de JPG Conseil. Je lui ai demandé de concevoir une formation adaptée à la situation de la collaboratrice, avec un contenu pédagogique identique. Celui-ci a accepté de relever le défi qu’il a considéré comme un réel challenge humain et professionnel : « J’ai dans mon entourage des personnes confrontées à la surdité. Je sais que c’est un vrai handicap, mais aussi qu’on peut trouver des solutions si on s’en donne les moyens. La surdité fait parfois peur, car elle touche à la difficulté de communiquer. Sachant que le sujet de la formation portait justement sur la communication, c’était intéressant de voir comment faire, comment s’adapter. »
En parallèle, j’ai également contacté l’ARIS, l’Association Régionale pour l’Intégration des Sourds, qui propose un service d’interprétariat adapté aux besoins des personnes sourdes et des entreprises : « Nous avons proposé le service d’un « interface de communication », une personne qui en plus de l’interprétariat s’assure que l’échange est clair et que les deux parties se sont comprises. » explique Jérôme Bourgeois de l’ARIS.
Au final, l’organisation de cette formation personnalisée a été assez simple à gérer. La formation a duré deux jours comme prévu. Deux interprètes se sont relayés, et une autre personne sourde était présente pour participer aux jeux de rôles, adaptés par JPG Conseil.
Jean-Baptiste Ferrero quant à lui reconnaît avoir ressenti un peu de trac : « J’avais peur de ne pas savoir faire face à la situation ». Mais il explique avoir vite oublié que la collaboratrice ne le regardait pas lui, mais son traducteur. « C’était un séminaire comme les autres. Elle avait les mêmes difficultés ou les mêmes atouts que les autres participants. »
Il a par ailleurs apprécié d’avoir pu ainsi s’ouvrir à une autre culture : « J’ai pris conscience que la surdité n’est pas seulement la privation, mais aussi l’acquisition de quelque chose. En matière de communication, le langage des signes possède une vraie richesse. Nous, entendants, sommes parfois prisonniers des mots. »
Au final, cette expérience a été particulièrement riche pour tous les participants. La réussite de ce genre de projet passe par une synergie et une volonté d’atteindre des objectifs communs. Cette formation adaptée était vraiment réussie, c’est une expérience à renouveler en s’adaptant aux besoins personnalisés des collaborateurs.
Sandrine Argentel