Auguste Renoir atteint d’une Polyarthrite à l’âge de 58 ans, peignait dans la douleur avec les mains attachées à son pinceau. Pour moi, cette maladie n’a pas attendu le nombre des années et m’a cueilli à la fleur de l’âge. D’où cette force de vivre, de résister à travers la couleur qui est une puissance avec laquelle il faut se battre et qu’il faut apprivoiser jusqu’à ce qu’elle refoule les parts d’ombre, ici où là menaçantes.
Je peins sur/sous un support qui est le plexiglas. Je travaille à l’envers de la transparence. A l’aveugle. Laissant la liberté à la couleur entre fluidité et opacité. Le hasard tient une grande place dans la composition. Ni pinceau, ni toile. Les mains, les doigts au contact direct avec la texture dans un rapport sensuel avec la peinture. La couleur, acrylique prend au contact du plexi une luminosité et une profondeur insoupçonnées. Les couleurs se bousculent, se superposent, se disputent, se forment et se déforment et j’en reste confondue.
De temps en temps, je mets mon grain de sel. De temps en temps je suggère par quelques grattages ou atténuations ici ou là. Equilibre entre spontanéité et maîtrise. Le format carré adopté traduit un désir de cadrage sans doute nécessaire à toute confrontation avec l’aléatoire. Le hasard pur n’existe pas.