Construire dans le noir

Dans le cadre d’une opération de sensibilisation, la Mission Handicap a proposé à  l’équipe mobilité internationale de participer à une action inédite et originale.
Dirigée par Philippe Vilain, l’équipe mobilité internationale a eu l’occasion d’être la première à expérimenter un atelier dans le noir : privé de l’un de leur sens, l’équipe a dû s’organiser pour réussir les défis qui leur était proposé.

Philippe revient avec sa collaboratrice Sandrine Pizzinato sur cette journée, des retours d’expérience enthousiastes qui dressent un bilan positif de cette opération !
Tout a commencé par un mail surprise. Il renvoyait sur un document en braille dont le code, déchiffré, permettait de connaître le lieu de l’événement, la veille du rendez-vous. « Il s’agissait du restaurant Dans le noir, où on nous a expliqué qu’on allait construire une malle dans l’obscurité totale, aidés par des guides non voyants. Répartis en deux équipes, avec chacune un rapporteur qui assurait la communication entre elles, nous disposions d’une heure et demie pour la réaliser », se souvient Sandrine Pizzinato. Carton, ciseaux, colle : les dix-sept participants se mettent au travail dans la bonne humeur, non sans appréhension préalable pour certains qui pourtant bientôt se prennent au jeu. « Il a fallu s’adapter à l’environnement et faire appel à la voix, au geste, à l’ouïe. Une manière de réaliser que même dans le noir, on peut faire des choses », souligne Philippe Vilain.
Et si, au final, les deux moitiés de la malle reconstituée par chaque équipe ne se ressemblent pas, l’une étant plus fonctionnelle, l’autre plus esthétique, chacun s’est efforcé de faire le mieux possible. « Ayant perdu nos repères, nous avons dû nous appuyer sur les animateurs aveugles. Une expérience très enrichissante qui nous a fait prendre conscience que tout le monde pouvait être handicapé à un moment ou à un autre. Aussi, cela nous a amené à réfléchir sur l’accueil d’une personne en situation de handicap. L’enjeu est d’intégrer un service en fonction de ses compétences», insiste Sandrine Pizzinato.
« Tout en contribuant à la cohésion de l’équipe, cette expérience collective a montré combien le handicap, y compris très invalidant comme la déficience visuelle, était une notion relative. Un message fort pour faire tomber des idées reçues. Car pendant toute cette matinée avec l’équipe, nos guides ont révélé de précieuses compétences professionnelles, aux antipodes de la position de l’assistanat», conclut Philippe Vilain au cours du déjeuner qui a suivi, le propriétaire du restaurant et les animateurs ont répondu aux multiples questions des participants. « Je ne m’étais jamais entretenue avec une personne aveugle auparavant. J’ai découvert tout un monde en peu de temps, se réjouit Sandrine. Un fabuleux moment. »
Sylvie