Journée Mondiale du Handicap – Cap sur l’Amérique du Nord et du Sud

Les personnes handicapées représentent 15% de la population mondiale, et 80% d’entre elles vivent dans les pays en développement.
À l’occasion de la Journée Mondiale du Handicap le 9 octobre, deux collaborateurs de la Société Générale témoignent de leur expérience sur la question aux États-Unis et au Brésil.

 

Escale à New York avec Bruno Germain*montage NY 1

Aux États-Unis, la loi fédérale ADA (Americans with Disabilities Act), adoptée en 1990, vise à éliminer toute discrimination envers les personnes handicapées. Aboutissement du mouvement pour les droits civils, elle instaure des obligations dans tous les États fédérés en matière d’emploi, d’accès aux services publics, transports et télécommunications, et d’accessibilité. Une politique qui a manifestement porté ses fruits, comme en témoigne Bruno Germain, en poste à New York depuis plus de deux ans.
 
Les États-Unis vous semblent-ils en avance sur le handicap ?
Il me semble que oui. Ici, je suis surtout impressionné par les efforts mis en œuvre pour favoriser l’accessibilité des personnes en situation de handicap. Passerelles, ascenseurs, sas d’entrée avec badges, portes électriques, portes d’accès aux toilettes… Toutes les tours de bureaux, même les plus anciennes, sont équipées pour les accueillir. Ainsi, avant le déménagement de la Société Générale il y a quelques mois dans de nouveaux locaux, le building que nous occupions depuis plus de vingt ans était parfaitement équipé. Il est aussi plus facile pour les personnes handicapées de se déplacer à Manhattan : les bus, les métros et les trains de banlieue sont adaptés à leurs besoins, de même que les taxis, dont ces mini vans, jaunes également, qui peuvent accueillir des personnes en fauteuil.
 
Selon vous, quel regard porte la société américaine sur le handicap ?
C’est un peu difficile pour moi d’en juger, mais j’ai malgré tout le sentiment que les personnes handicapées sont mieux intégrées dans l’espace public de ce côté-ci de l’Atlantique. Par exemple, j’ai participé en septembre au Westchester Triathlon à Rye, près de New York. Les épreuves juniors étaient précédées d’épreuves réservées aux enfants handicapés, alors que des coureurs en situation de handicap participaient aux épreuves adultes, au même titre que des personnes valides, et cela très naturellement. De plus, peut-être aussi parce que les Américains sont plus respectueux des lois et règlements, j’ai remarqué qu’ils se montraient plus prévenants auprès des personnes handicapées.
 
*Collaborateur de la Société Générale à New York, Bruno Germain est Directeur, Chief Operating Officer.
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Regard sur le Brésil avec André Alves Da Silva* montage bresil

Au Brésil, depuis la nouvelle constitution de 1988, l’État a pris des mesures afin de favoriser l’intégration des personnes handicapées. Et en 2011, un plan national pour le respect et l’application de leurs droits, Vivre sans limite, a été lancé. Doublement sensibilisé au sujet en tant que frère et fils de personnes en situation de handicap, André Alves Da Silva, qui vit et travaille aujourd’hui en France, présente le contexte brésilien.
 
Comment est pris en compte le handicap au Brésil ?
Après la nouvelle constitution 1988, la loi de quotas de 1991 a obligé les entreprises de plus de 100 salariés à un taux d’emploi des personnes handicapées. De plus, depuis 2007, les lois de finances augmentent chaque année le budget alloué aux projets d’éducation pour l’insertion des personnes en situation de handicap. Dans le domaine de la santé, une prise en charge universelle est normalement prévue. Mais si la loi brésilienne a beaucoup évolué et peut-être plus vite que les mœurs, elle n’est, à mon avis, pas toujours appliquée. Ainsi, la définition de la personne handicapée est tellement large que les entreprises peuvent facilement contourner la loi des quotas. En matière d’éducation, malgré leur bonne volonté, les professeurs ne sont pas du tout préparés à traiter ces situations. Les infrastructures des grandes villes (transports publics, trottoirs, accès aux bâtiments…), malgré quelques améliorations, sont totalement inadaptées. Allez faire un tour en fauteuil roulant à São Paulo… Bon courage ! Heureusement, les ONG et associations pallient en partie les défaillances de l’État.
 
Quel est le regard porté sur le handicap par la société brésilienne ?
L’idée d’intégration des personnes handicapées repose, selon moi, sur l’union de deux volontés : celle de l’État et celle de la société. Même si elles restent encore insuffisantes, l’État a réalisé de réelles avancées dans ce sens. En revanche, si je me base sur mon expérience personnelle, je crois que le sujet du handicap reste encore tabou. Les préjugés existent aussi au Brésil. Et changer le regard des autres se révèle très difficile. Progresser sur le handicap dépend pourtant largement de cette évolution des mentalités.
 
*Collaborateur de la Société Générale, André Alves Da Silva est Directeur du Groupe des Agences du Lot à Cahors.