Sandrine Argentel (à gauche) et Marie-Pierre Ciret (à droite)
Après six ans à la Mission Handicap, Sandrine Argentel a passé le relais à Marie-Pierre Ciret, en tant que Responsable Formation. État des lieux et perspectives, notamment sur les Relations Écoles, à l’heure où la nouvelle édition du Pass Pour L’Emploi, le 20 mars, cible justement les étudiants.
Sandrine, quel bilan dressez-vous de votre expérience au sein de la Mission handicap ?
Sandrine Argentel : Ayant eu la chance d’être à son démarrage, j’ai vécu une aventure extraordinaire. Je suis fière d’avoir participé à cette construction avec l’équipe et tous les collaborateurs. C’est un sujet difficile qui, au-delà de la loi, exige une grande force de persuasion, mais pousse aussi à l’unité. Et s’il faut se battre contre des résistances et toujours remettre l’ouvrage sur le métier, je crois que les gens ont compris que le handicap est protéiforme, qu’il pouvait arriver à n’importe qui, et qu’il ne se limitait pas au fauteuil roulant. Nous avons essayé d’aborder cette thématique non pas sous l’angle du social mais avec de vraies considérations d’entreprise, et innové sur le plan pédagogique, en mettant en place des formations très atypiques, répondant à des besoins précis et presque individualisés. C’était une vraie liberté que de pouvoir emprunter des chemins de traverse. Et je me réjouis qu’une nouvelle équipe poursuive ce qui a été amorcé ou mis en place.
Après cinq mois, quelles sont, Marie-Pierre, vos premières impressions ?
Marie-Pierre Ciret : J’arrive à un moment où les choses ont bien avancé. L’engouement autour du handicap (suite à la loi de 2005) est un peu retombé, mais il faut continuer à impulser et sensibiliser. Essentiel, ce sujet me tenait à cœur. Jamais dans mon parcours dans les RH, je n’ai eu le sentiment que les ressources, justement, étaient aussi humaines : je me sens utile. Il ne s’agit pas d’un univers idyllique, et il ne faut pas négliger les enjeux financiers. Mais le jeu en vaut la chandelle.
La communication reste-t-elle une priorité ?
S. A. : C’est un domaine où on a beaucoup investi, peut-être trop sur les centraux, et pas assez dans le réseau, même si c’est plus difficile d’atteindre tous nos collaborateurs.
M.P. C. : Surtout que le réseau recrute beaucoup de personnes en situation de handicap.
S. A. : Il faut aujourd’hui privilégier la preuve par l’action plutôt que la preuve par l’image, indispensable au début, et sûrement encore nécessaire.
M.P. C. : C’est vrai, il faut faire, mais aussi faire savoir, car certains de nos collaborateurs ignorent l’étendue des activités de la Mission Handicap !
Le prochain Pass Pour l’Emploi cible les étudiants. Où en est-on des relations avec les Écoles ?
S. A. : Mon expérience dans ce secteur est très mitigée. Jusque-là, les écoles et les universités n’ont, pour la plupart, pas tenu leur engagement partenarial, considérant d’abord les entreprises comme de providentiels financeurs et méconnaissant la loi. Nous avons respecté nos engagements, pris en charge comme le stipulaient les conventions, certains frais pour aider les étudiants en situation de handicap. Malheureusement, dans bon nombre de cas, nous avons été seuls à respecter nos engagements et à vouloir donner du sens à ce rôle de partenaire : les contreparties n’ont finalement jamais été réelles, bien que notifiées dans les conventions.
M.P. C. : Face à ce constat, dans le nouvel Accord, des dispositions très précises ont été définies, notamment un plafond par étudiant pour les bourses d’étude et une plus grande interaction avec nos métiers. . Nous sommes toujours heureux de recevoir les étudiants en stages et en contrats d’alternance. En outre, nous poursuivons nos échanges avec les élèves et étudiants lors d’ateliers-découverte des métiers de la banque et les accueillons lors de visites de sensibilisation. .
Quel est, selon vous, l’obstacle majeur à la poursuite des études supérieures des jeunes en situation de handicap ?
S. A. : L’autocensure des étudiants est un frein puissant.
M.P. C. : Comme celle de l’entourage d’ailleurs.
S. A. : Mais cette démarche pour leur faciliter l’accès au supérieur ne visait pas forcément la bonne cible. Car ceux qui s’inscrivent dans une école ou une université ont déjà franchi le cap le plus difficile. Il aurait été plus pertinent d’intervenir en amont, au niveau des lycées, mais c’est une autre histoire.
Quels ont été les points les plus positifs ?
S. A. : Le rapport avec certaines associations d’étudiants, comme Starting Block avec laquelle j’ai bien travaillé sur la campagne Handivalides. J’ai rencontré aussi des responsables de Mission Handicap vraiment mobilisés au sein des écoles. Et je garde un très bon souvenir de la semaine de sensibilisation organisée à l’ESC Dijon, et de nos échanges avec Sciences Po. Enfin, nous avons été acteurs investis, avec d’autres, dans la création de l’Institut Villebon-Georges Charpak. Ouvert à des étudiants présentant des profils singuliers ou venant de milieux défavorisés à beaucoup d’égards – en situation de handicap, boursiers, originaires de banlieues sensibles…, il permet une pédagogie alternative aux classes prépas des grandes écoles. Savoir que l’établissement a, au bout de 5 ans de phase projet, accueilli ses premiers étudiants en septembre dernier est une grande satisfaction.