Emploi des personnes handicapées : Baromètre IPSOS

Pour 8 dirigeants d’entreprises sur 10, l’embauche de personnes handicapées demeure un acte difficile. C’est l’un des principaux enseignements du baromètre de l’ emploi des personnes handicapées présenté mercredi 10 décembre par le Club Handicap et Société* de la mutuelle Intégrance, avec le concours de l’Institut IPSOS.
Réalisée auprès de 298 dirigeants et responsables ressources humaines d’entreprises de plus de 10 salariés, l’enquête souligne un paradoxe : alors que l’image du handicap « évolue favorablement dans le monde de l’entreprise » pour 7 répondants sur 10, et que l’objectif de 6 % de salariés handicapés est globalement jugé réaliste, le passage à l’acte reste difficile, quels que soient la taille de l’entreprise ou le secteur d’activité concerné.
En cause ? La persistance de préjugés sur le manque de productivité des salariés handicapés, le surcoût des adaptations ou la crainte de tensions dans les équipes. « On demande beaucoup d’efforts à nos collaborateurs, souligne ainsi un des dirigeants interrogés par l’institut Ipsos. S’ils voient quelqu’un, rémunéré de la même façon qu’eux, mais qui prend une pause tous les trois quarts d’heure à cause de sa fatigue intellectuelle, ça va être compliqué à expliquer. » Chiffres encourageants, tout de même : quel que soit le type de limitation – déficience sensorielle, handicap moteur, troubles psychiques, maladie cardiaque… –, l’embauche de salariés en situation de handicap apparaît plus difficile aux employeurs potentiels, qu’à ceux ayant déjà sauté le pas. Preuve que les préjugés ne résistent pas à l’expérience.
L’enquête pointe enfin une méconnaissance des dispositifs et des aides financières existantes, jugés impossibles à démêler. « Entre la mission locale, la mission handicap, les Cap emploi… Je me perds dans tous les termes, je ne sais jamais à qui je parle. C’est extrêmement opaque », résume un répondant. Avec leurs structures RH dédiées, comme les missions handicap, les grosses entreprises apparaissent mieux armées pour se repérer dans la jungle des dispositifs. Pour stimuler l’embauche, le Club Handicap et Société plaide donc pour la simplification « des aides financières, des circuits et des formalités administratives ».
S’agissant des motivations à l’embauche, le baromètre est clair : la première reste « le poids des pénalités ». Loin devant les convictions personnelles ou l’affichage éthique.
 * Emanation du fonds de dotation Handicap et Société, le Club Handicap et Société a pour mission de susciter et développer le dialogue entre les associations du monde du handicap et l’ensemble des acteurs économiques et politiques.