Inutile d’attendre de se trouver dans une situation conflictuelle avec son employeur pour solliciter les services d’un avocat, soutient Alexandra Grévin. Depuis dix ans, cette avocate parisienne s’est spécialisée dans la défense des enfants et des adultes en situation de handicap. Dans le domaine du travail, elle aide les salariés à démêler l’écheveau de leurs droits, et les conseille dans le cadre de médiations, souvent plus constructives que des procédures judiciaires longues et incertaines.
« Les salariés en situation de handicap, reconnu ou non, ont souvent du mal à s’informer correctement sur leurs droits. Les informations de l’Assurance maladie ne sont pas toujours très claires, les maisons départementales des personnes handicapées sont débordées, les employeurs pas toujours à l’aise… La plupart de mes clients viennent d’abord me consulter pour du conseil. Pour démêler l’écheveau de leur situation, comprendre le rôle des différents interlocuteurs, et connaître leurs droits. Par exemple, beaucoup sont très surpris d’apprendre que le fait de percevoir une pension d’invalidité de première ou deuxième catégorie n’interdit pas du tout la reprise d’une activité professionnelle !
Ce n’est qu’en connaissant ses droits qu’on peut prendre de bonnes décisions. Décider, par exemple, si l’on informe ou non son employeur. S’il est préférable de rester dans son poste en obtenant des aménagements, ou d’élaborer un nouveau projet. C’est mon second rôle : interroger mes clients sur leurs besoins, leurs objectifs, leurs souhaits, et construire avec eux un projet vraiment personnalisé. Cousu main ! Bien sûr, je ne suis pas là pour créer de faux espoirs : si la demande est irréaliste, si je ne suis pas d’accord avec un client, je le dis.
Lorsque la situation est tendue avec l’employeur, je préfère orienter mes clients vers des démarches amiables, plutôt que vers des procédures judiciaires longues, coûteuses, et dont le résultat n’est jamais garanti. Sauf faute caractérisée, on obtient souvent des résultats bien plus intéressants par la médiation. D’autant qu’elle permet au salarié en situation de handicap de se montrer force de proposition : à lui, dans la discussion avec son employeur, de mettre sur la table les aménagements, les solutions adaptées à ses besoins, que nous aurons préparés ensemble. Et il ne faut pas hésiter à se montrer créatif ! Les employeurs apprécient généralement cette démarche. L’essentiel est que le salarié puisse conserver son poste. »
