A 25 ans à peine Charlotte de Vilmorin vient de lancer son entreprise, Wheeliz, un site de location de voitures aménagées entre particuliers. Preuve que pointer dans la catégorie des « personnes à mobilité réduite » n’interdit ni l’audace, ni l’ambition !
La mobilité, obstacle et opportunité
A l’issue de son dernier stage, l’agence de publicité dans laquelle elle vient de passer plus d’une année lui propose un contrat à durée indéterminée. Et la voilà qui tombe « dans une faille énorme du système » : quittant son statut d’étudiante, ses déplacements ne sont plus pris en charge selon les mêmes modalités. Pour un aller-retour quotidien, la facture s’élèvera désormais à 4500 euros par mois.
« C’était presque trois fois mon salaire, écrit-elle. Le simple fait d’aller travailler m’endetterait. »
Le constat est brutal. Et son employeur ignorant des aides en la matière proposées par l’Agefiph. Des amis handicapés confrontés au même type de situation lui confient avoir renoncé à travailler, faute de solution de déplacement. Pas elle. La mobilité, « son principal obstacle dans la vie », va lui donner « l’opportunité de créer quelque chose qui a du sens pour les autres ». Ce sera Wheeliz, un site de location de véhicules adaptées entre particuliers, pour rendre l’offre « à la fois accessible sur le plan géographique et financier ».
Les employeurs trop souvent démunis
Avec le recul, Charlotte de Vilmorin jette un regard critique sur son expérience en entreprise, et les contraintes inhérentes aux déplacements des personnes à mobilité réduite.
« Devoir anticiper tous ses trajets pour être sûr de disposer d’un véhicule, ne pas pouvoir improviser, c’est un handicap social terrible. Dans la pub, les horaires sont souvent décalés, il y a tout le temps des charrettes. Je travaillais de chez moi, mais c’était très pénalisant, aussi bien pour ma hiérarchie que pour moi. N’avoir aucune souplesse, c’est un gros désavantage. »
Les employeurs, juge-t-elle, restent également trop souvent démunis face aux salariés en situation de handicap.
« Ils ne savent pas quels leviers actionner, et c’est aux collaborateurs de leur dire quels organismes ils peuvent solliciter. »
La clé d’une intégration réussie ?
« La capacité du management à individualiser le rapport au salarié, à adapter les missions qui lui sont confiées. » Car, pointe-t-elle, « il est aberrant d’envisager le handicap au moyen de normes, alors même que chaque personne a des besoins différents ».
En finir avec les handicaps sociaux
A l’aube d’une nouvelle aventure, la jeune entrepreneuse s’affiche confiante. Ouvert fin avril, Wheeliz compte déjà plus de 500 inscrits et une centaine de voitures répertoriées sur toute la France. Une petite « communauté solidaire » qui, espère-t-elle, permettra d’en finir avec les handicaps sociaux qui minent le quotidien des personnes à mobilité réduite.
« On n’est jamais handicapé dans l’absolu, conclut-elle dans son livre. On est handicapé devant une marche, devant une chaise qu’on ne peut tirer, devant un bouton d’ascenseur trop haut, ou devant le fait de ne pas pouvoir sortir quand on veut, aller où on veut. »