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« Nous sommes tous concernés par la question du handicap »

Interview de Sandrine Dhellemmes : directrice inclusion et mission handicap au sein du groupe Société Générale
Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans l’étude prospective « Travail, handicap et entreprises 2025 » ?
Société Générale a initié cette étude avec Les Jardins de la Cité, Handirect et L’ADAPT pour répondre à une forte volonté de faire avancer les choses sur la question de l’emploi des personnes en situation de handicap et d’aller plus loin que ce qui avait déjà été fait. L’envie de travailler avec différents acteurs a également été un moteur. À partir de là, la recherche de partenaires menée par le GERPA, Handirect et Les Jardins de la Cité, a représenté un travail considérable et indispensable à la concrétisation du projet. Ensuite, tous les participants se sont réunis autour de la table et chacun a commencé à réfléchir aux scénarios.
Quels sont pour vous les apports de cette expérience ?
Cette étude a été un formidable moyen de travailler ensemble et de parler un même langage avec d’autres acteurs très diversifiés : associations, petites et moyennes entreprises, grands groupes… Nous avons chacun une vision et une maturité différentes sur le thème de l’emploi et du handicap, ce qui rend les échanges très riches sur le plan méthodologique et humain.
Ce travail coopératif apporte également beaucoup en termes de démarche. Nous avions l’habitude de communiquer avec les autres acteurs, mais là nous avons vraiment fait un pas ensemble. Chacun s’est impliqué de façon importante, et aujourd’hui cette expérience, aussi bien que ses résultats, bénéficient à tous. Le but à présent est de prendre la quintessence de toutes les informations recueillies pour les transposer, chacun dans nos sphères respectives.
Comment allez-vous utiliser les résultats de cette étude ?
L’étude prospective en elle-même est déjà utilisée dans nos équipes comme un outil de sensibilisation au thème du handicap. Dans les groupes de travail que nous avons constitué pour étudier les scénarios, nous avons veillé à impliquer des collaborateurs à tous les niveaux : chargés de mission handicap, personnels des ressources humaines, managers…
Concernant plus particulièrement les résultats de l’étude, ils ont fait nettement ressortir le défi majeur que représente le secteur protégé et adapté. Nous étions donc déjà engagés sur ce plan auparavant, mais cette étude nous conforte dans notre choix d’en faire une priorité, aussi bien en faisant de plus en plus appel à ce secteur, qu’en contribuant à sa montée en compétences (via la formation des travailleurs et leur intégration au marché du travail ordinaire).
Société Générale travaille en partenariat avec l’Union Nationale des Entreprises Adaptées (UNEA) depuis plusieurs années. Dans ce cadre nous avons développé ensemble des outils de GPEC (gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences) et mis en place une académie visant à professionnaliser les entreprises adaptées (Académie UNEA). Aujourd’hui plus de 6000 personnes se forment par ce biais. Les débouchés sont importants, notamment dans la filière informatique. Ainsi, nous mettons en lien les personnes formées avec nos fournisseurs. En parallèle, nous observons une bonne volonté générale des acteurs avec lesquels nous travaillons. Par exemple, chacune des SSII (entreprises de services du numérique) auxquelles nous faisons appel (huit au total) a accepté de former un binôme qui travaillera sur le défi du secteur protégé et adapté (STPA). C’est énorme et formidable de voir un tel engagement de leur part. NB : Chaque binôme a pour rôle de créer un groupement d’entreprise pour définir la manière dont il est possible de faire monter en compétences le STPA et inciter les entreprises à faire augmenter leur taux d’emploi indirect.
En parallèle, la manière dont on accompagne les collaborateurs dans l’emploi reste bien sûr la grande priorité actuelle – constat qui est également ressorti de l’enquête. Il s’agit de recruter des travailleurs en situation de handicap mais surtout d’accorder de l’importance à leur formation initiale et continue, à leur intégration durable dans l’entreprise et à leur maintien en emploi.
Parmi les constats réalisés lors de l’enquête, lesquels vous ont le plus surprise ?
Ma plus grande surprise a été de voir que tous les participants de l’étude étaient d’accord sur le fait que le STPA représente un défi majeur. Nous savions que c’était une question importante dans les esprits, mais pas à ce point et nous n’imaginions pas un tel consensus.
L’importance de la formation initiale et continue pour les travailleurs en situation de handicap est également ressortie comme un levier incontournable. Cela nous semblait déjà évident, mais l’enquête et les différents échanges l’ont particulièrement bien illustré.
L’étude a également démontré que si le handicap venait à ne plus être géré de façon autonome (s’il n’y avait plus de missions handicap), il faudrait absolument conserver dans les entreprises une équipe de personnes compétentes pour accompagner les personnes en situation de handicap, soit un groupe de spécialistes référents, soit des personnes extrêmement bien formées à la question.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Il est très important que le sujet du handicap au travail ne soit pas uniquement porté par des services de ressources humaines. La singularité de chacun est une question de management : permettre au collaborateur de se sentir en confiance, d’être épanoui et de travailler au mieux de ses compétences. Nous sommes tous concernés par la question du handicap et c’est pourquoi tout le monde dans l’entreprise doit y participer.
 
*Source : Handirect