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Conférence nationale du handicap : qu’en attendez-vous ?

La prochaine CNH (Conférence nationale du handicap) aura lieu ce jeudi. L’emploi est annoncé parmi les thèmes centraux de cette édition 2016. Tous Uniques a demandé aux acteurs de l’emploi des personnes handicapées ce qu’ils attendaient de ce grand rendez-vous.
Sébastien Citerne, directeur général de l’Unea (Union nationale des entreprises adaptées)
L’Unea ne pourra pas être représentée à la CNH (Conférence nationale du handicap) pour des raisons de calendrier : en effet la conférence a lieu le même jour que notre congrès annuel. Difficile de nous trouver en même temps à Paris et à Lyon !
L’emploi sera l’un des principaux thèmes de cette CNH, mais il s’agira surtout de l’emploi accompagné. C’est un dispositif certes intéressant, mais il ne faudrait pas qu’il éclipse les autres. D’autant qu’il n’existe pour l’heure aucune étude sur le coût et les bénéfices de l’emploi accompagné, alors que les EA ont fait la preuve de leur valeur ajoutée économique et sociale et de leur retour sur investissement largement positif.
Aujourd’hui l’Unea attend donc de l’Etat qu’il s’engage dans un nouveau plan de créations d’emplois. Depuis la fin du Pacte pour l’emploi, qui avait permis de créer une dynamique, les entreprises adaptées n’ont plus aucune visibilité sur les engagements des pouvoirs publics. Bien sûr, cela n’empêche pas les EA de continuer à créer des emplois : nous avons signé 4 000 nouveaux contrats en 2015, rien qu’avec les Cap emploi, dont près de la moitié en CDI ou CDD de plus de 6 mois. Et le projet de loi de finances pour 2017 pourrait, comme le précédent, prévoir de nouvelles aides au poste. Mais cela ne remplace pas un plan pluriannuel.
Il y a quelques semaines a débuté une mission d’information conjointe entre l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et l’IGF (Inspection générale des finances) sur le modèle, le financement et le public accompagné par les entreprises adaptées. Le rapport est attendu pour le mois de septembre. Nous espérons qu’il mettra en exergue la réussite économique et sociale des EA, et qu’il permettra la concrétisation d’un nouveau pacte pour l’emploi.
 
Anne Baltazar, présidente de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées)
Je me réjouis que l’emploi fasse partie des thèmes retenus par le président de la République pour cette CNH (Conférence nationale du handicap). Cela marque un vrai intérêt des pouvoirs publics pour ce sujet.
Il y sera vraisemblablement surtout question de l’emploi accompagné. C’est une mesure importante, susceptible de favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap. Je regrette cependant que ces annonces structurantes n’aient pas été précédées d’une consultation de l’ensemble des acteurs. En effet, mettre en œuvre l’emploi accompagné suppose que le salarié en situation de handicap et son employeur soient épaulés par un conseiller dédié. Mais quel sera le statut de ce conseiller ? Comment sera-t-il choisi, formé, rémunéré ? L’amendement au projet de loi Travail déposé par le gouvernement, et qui vise à donner un cadre à l’emploi accompagné, ne règle pas tout. Et puis, il donnera lieu à des décrets d’application, sur lesquels nous aimerions être consultés. Car toutes ces décisions auront nécessairement un impact sur les prestations de l’Agefiph, dans un contexte préoccupant de baisse des recettes.
L’Agefiph dispose d’une vraie expertise. Elle n’est pas qu’un opérateur : elle a aussi des idées et des propositions à formuler pour favoriser l’accès à l’emploi et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Encore faut-il qu’il lui soit donné l’occasion de contribuer à ces réflexions.
 
Véronique Bustreel, conseillère nationale travail, emploi, formation à l’APF (Association des paralysés de France)
L’APF (Association des paralysés de France) fait partie des associations fondatrices du Collectif pour la recherche et la promotion de l’emploi accompagné. Ce dispositif a vocation à s’insérer entre l’accompagnement par les Cap emploi ou Pôle emploi, et le secteur du travail protégé et adapté. Il pourra bénéficier aussi bien aux personnes autistes ou handicapées psychiques, qu’à des personnes souffrant de maladies chroniques invalidantes et qui ont des besoins particuliers d’accompagnement. La perspective d’une reconnaissance législative de l’emploi accompagné est donc très satisfaisante.
Mais ce dispositif à lui seul ne règlera pas la situation des 500 000 chômeurs en situation de handicap, ni la question du maintien dans l’emploi. Depuis la dernière CNH, beaucoup d’aspects ont été abordés, via la réforme de la formation professionnelle, ou bien la loi Macron… Mais on n’a pas attaqué le cœur du problème : la qualification des personnes en situation de handicap. Et la succession de mesures éparses, outre qu’elle n’est guère lisible, ne constitue pas un plan d’action. Nous attendons donc encore de la part des pouvoirs publics une véritable stratégie et nous serons très attentifs, après la CNH, aux mesures prises dans le cadre de la conférence sociale et des négociations sur l’assurance chômage.