Après s’être intéressé, fin 2014, au ressenti des dirigeants d’entreprise, le Club Handicap et Société* s’est penché cette année sur les perceptions des actifs et des demandeurs d’emploi, valides ou handicapés, avec des résultats contrastés : si les préjugés semblent globalement en baisse, les employeurs doivent amplifier leurs efforts pour favoriser l’intégration des salariés handicapés.
Compliquées, les relations de travail avec un collègue handicapé ? Pas vraiment, à en croire les résultats du second volet du baromètre de l’emploi des personnes handicapées du Club Handicap et Société. Réalisée auprès de plus d’un millier d’actifs et de demandeurs d’emploi, l’enquête révèle que l’immense majorité des actifs (84 %) ne voit pas de difficulté particulière à travailler avec les personnes handicapées, jugées tout aussi compétentes (84 %) et efficaces (80 %) que les valides, mais aussi très motivées (50 %).
En dépit de ces appréciations positives, certains handicaps génèrent davantage d’appréhensions : pour huit répondants sur dix, les personnes souffrant de troubles mentaux risquent de présenter plus de difficultés d’intégration, suivis par les collègues atteints de handicaps sensoriels. A l’inverse, les maladies chroniques invalidantes apparaissent moins gênantes.
Plutôt accueillants par principe, les actifs interrogés attendent davantage de leur employeur. 45 % des actifs valides souhaiteraient ainsi davantage de sensibilisation des équipes à l’accueil des personnes en situation de handicap, 42 % estiment que le processus d’intégration n’est pas assez poussé, 39 % jugent l’aménagement des locaux insuffisant… Impression confirmée par les principaux intéressés : un salarié handicapé sur deux déclare que son poste de travail n’a pas été spécifiquement adapté à son handicap. S’agissant de l’accès à l’emploi, les réticences des employeurs ne seraient pas seules en cause. La concurrence exacerbée sur un marché du travail apparaît comme le principal frein, les discriminations n’étant citées que par un actif handicapé sur dix.
Parmi les solutions privilégiées pour faciliter l’embauche et l’intégration dans le monde du travail, les salariés valides citent en priorité les partenariats entre entreprises et associations, ou le versement d’aides par l’Etat (prise en charge d’une partie des salaires ou des cotisations). Plus sévères, les actifs handicapés misent plutôt sur la coercition : 20 % préconisent de taxer de façon plus importante les entreprises qui ne jouent pas suffisamment le jeu, et 10 % croient à des mesures de discrimination positive.
* Emanation du fonds de dotation Handicap et Société, le Club Handicap et Société a pour mission de susciter et développer le dialogue entre les associations du monde du handicap et l’ensemble des acteurs économiques et politiques.