À Paris, l’Association Paroles voyageuses a lancé l’action « Écrire et réussir » pour aider des étudiants sourds à réussir leurs études universitaires. Soutenue par la Fondation Société générale pour la solidarité, elle fait partie des lauréats 2016 du prix « Acteurs économiques et handicap » de l’assureur Ocirp.
Apporter du soutien en Français écrit à des étudiants sourds. Voilà à quoi s’applique l’association de formation linguistique Paroles voyageuses, basée à Paris, à travers son action « Écrire et réussir ». Lancée en octobre 2013, elle vise à faciliter à ses participants l’accès à un cursus d’enseignement supérieur et l’obtention de diplômes. « Nous avons réfléchi à ce projet en réponse aux demandes concrètes de correction de mémoire qui nous étaient parvenues, explique Leïla Marçot, responsable du pôle Sourds de Paroles Voyageuses et du dispositif « Écrire et réussir ». La plupart des personnes nées sourdes ont des difficultés en Français écrit. Elles n’ont pas bénéficié dans leur jeunesse d’un bain linguistique leur permettant de se familiariser avec le vocabulaire, à la différence des entendants ; c’est une deuxième langue pour elles. En outre, la pédagogie ne leur est pas toujours adaptée. »
Accompagnement individuel et collectif
Une vingtaine d’étudiants franciliens sont accompagnés chaque année, généralement pour deux ou trois ans. « Nous touchons surtout des inscrits en Master 1 et 2 – mais nous avons aussi accueilli une jeune femme en CAP l’année dernière. Le plus souvent, ils reprennent leurs études et sont informés de l’action via leur réseau, » précise Leïla Marçot. Trois types de prestations sont proposés : un accompagnement individuel pour des corrections d’écrits, des formations collectives hebdomadaires en Français ou un suivi renforcé « Ce dernier est destiné à ceux qui ont des besoins très important, explique-t-elle. Il faut par exemple relire avec eux des supports de cours universitaires, pour les leur expliquer. Cette aide peut aussi bien représenter 15 heures annuelles que 40, en fonction de ce qui s’avère nécessaire, » expose la responsable. Elle travaille avec un formateur et huit correctrices accompagnatrices. Certains membres de l’équipe sont eux-mêmes sourds.
Bons résultats universitaires
L’année dernière, seules trois personnes ont abandonné ou n’ont pas « validé » leur année universitaire ; elles sont onze à avoir obtenu la mention « Très bien ». « L’objectif est de réussir, et de réussir bien, souligne Leïla Marçot. Elles s’affranchissent de la dépendance à leur famille et certaines montrent des progrès spectaculaires en Français. Nous veillons en effet à faire des corrections en marge des écrits, que les étudiants doivent ensuite intégrer. Cela les incite à essayer de comprendre leurs erreurs. »
Les circonstances de la rentrée 2016 restent incertaines, faute de visibilité sur les financements accordés. « Nous avons été subventionnés les trois premières années, mais nous devons penser à gagner en autonomie, pour pérenniser la structure, espère-t-elle. Nous projetons d’augmenter la contribution des participants (40 à 50 euros par mois, contre 60 euros l’année actuellement) avec une possibilité de prise en charge par la prestation de compensation du handicap [PCH], pour ceux qui y ont droit. » L’équipe devrait également intégrer une nouvelle correctrice accompagnatrice…ancienne bénéficiaire du dispositif. Un « véritable aboutissement pour nous, mais aussi et surtout pour elle. »